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Il y a toujours une faute quand l'un de nous trouve l'autre ? [Llewyn]

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Vaughn I. Dixon
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Vaughn I. Dixon
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Message Sujet: Il y a toujours une faute quand l'un de nous trouve l'autre ? [Llewyn]  Il y a toujours une faute quand l'un de nous trouve l'autre ? [Llewyn] EmptyMer 22 Jan - 17:28


   
Il y a toujours une faute quand l'un de nous trouve l'autre ?
Dixell
Nos verres s'entrechoquent avec un classicisme navrant. Je continue de sourire à cette femme pourtant, vaine tentative de persuasion : elle est plus intéressante qu'il n'y paraît. Elle a de jolies courbes, une bouche pulpeuse et des yeux qui appellent à la luxure. Nous en sommes à la deuxième consommation et sa main est passée sous mon vêtement malgré le blouson toujours sur mes épaules. Elle prétend être coiffeuse, Cindy. Sophie. Lucy ?

J'ai essayé d'évoquer le courrier suspect déposé dans les boites aux lettres de Charming pour glaner quelques informations. Mais la belle blonde n'a clairement pas envie de perdre son temps avec les sujets sérieux qui obsèdent la ville. Ses obsessions sont ailleurs. Elle parle de voyages, de chaleur, de baignades au clair de lune et de massage en terrasse. Ma foi, si elle espère mieux de moi qu'un éventuel trajet jusqu'au ravissement physique, elle se trompe.
En avalant une gorgée de vin je jette un œil à mon téléphone afin d'être sûr que tout va bien pour Alys. Au moindre problème, ses grands-parents ont promis de m'appeler dans la seconde.

" Lâche un peu ce téléphone beau brun, tu vas finir par me vexer. "

Au prix d'un ultime effort je place l'objet dans ma poche et mon bras sur ses épaules. Jetée contre moi, elle glousse à mon oreille et entame une liste de propositions plus indécentes les unes que les autres.
Je finis par me laisser séduire. Il n'y a pas de mal à se faire du bien, sur le principe. Ses lèvres parcourent mon cou et chassent progressivement toutes les pensées désagréables de mon esprit.

Un peu plus loin, la porte de l'établissement s'ouvre avec fracas. Je suis trop enquêteur pour ne pas relever les yeux alors que la blonde a défait deux boutons de ma chemise.

" Espèce de ... ! Toi ! "

Moi ? Elle ?
Nous, visiblement. Je tente de secouer la miss mais le nouvel arrivant l'attrape avant qu'elle réagisse. Il profère tout un tas d'insultes déplacées et je me lève dans un soupir consterné. P*tain ça n'arrive qu'à moi ça.

" Eh, du calme, on n'faisait rien. "

Si on veut. Pour l'instant.
Je me demande si le type - petit-ami ou mari - est violent. Jaloux en tout cas. C'est bien la dernière chose dont j'avais envie mais s'il a l'intention de la corriger je vais être obligé de m'en mêler. A vrai dire, je préfère m'excuser, régler l'addition et me tirer.

Pas le temps d'envisager quoique ce soit. Pas le temps de considérer le reste de la bande. La fille hurle autant que son mec et quand je veux m'éloigner de la table histoire de prendre des distances, de préparer des arguments certes bancals, il me chope par le col déjà débraillé et me plaque dos contre le mur.

" T'as franchement pas envie que ça s'termine comme ça mon gars ! "

Dis-je en lui saisissant le poignet que je commence à retourner brutalement.

" Un salopard de Sons en plus ! "

Superbe.
   
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Llewyn Oswell
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Message Sujet: Re: Il y a toujours une faute quand l'un de nous trouve l'autre ? [Llewyn]  Il y a toujours une faute quand l'un de nous trouve l'autre ? [Llewyn] EmptyMer 22 Jan - 18:54


Coup d’accélérateur, virage serré. Llewyn manqua rouler sur la banquette d’en face. Elle fut rattrapée de justesse par son voisin de gauche, un grand blond au nez caractéristique, qui lui agrippa la ceinture pour la rabattre sur son siège, lui évitant ainsi de terminer sur les genoux de Niall. L’homme installé en vis-à-vis fulminait tant, le visage rougi de colère, qu’elle s’étonnait qu’il n’implose pas sous la pression crânienne. Son téléphone suffoquant dans ses mains serrées, il beugla au chauffeur de se presser encore, marmonnant dans leur langue natale qu’il ferait la peau de ce connard. On ne marchait pas librement sur ses plates bandes, qu’il répétait. On ne touchait pas à la régulière d’un Nord Irlandais sans se prendre un retour de flammes, c’était bien connu. Qu’importe que la demoiselle au centre du conflit soit une véritable traînée.

Son avis sur la question, la rouquine le garda naturellement pour elle, se rappelant vivement la dernière fois qu’elle avait osé contester le choix de gonzesse de son collègue. Il s’en était fallu de peu qu’une pinte lui valse à la gueule ; l’intervention divine de l’homme installé à l’avant du fourgon, à la place du mort, élément médiateur de leur petite bande de leprechauns au sang chaud, avait sauvé les meubles et le nez taché de la jeune femme. Elle fermait sa gueule depuis, se contentant de songer très fort - et sa pensée était partagée.

Niall, comme s’il lisait dans son esprit, braqua un regard assassin sur la seule femme du véhicule. Dans un automatisme salvateur, elle leva les mains en signe d’innocence, écarquillant les yeux comme pour souligner qu’elle n’avait rien dit. L’homme installé à sa gauche, celui-là même qui l’avait empêchée d’aller saluer de près la bombe à retardement, baissa le visage pour étouffer un pouffement amusé qui se répandit doucement au reste de l’auditoire. Hormis celui qui lui faisait face, les quatre autres grands gars présents dans la fourgonnette se prirent à glousser de la situation, se moquant davantage de la petite querelle intestine entre Llewyn et leur compagnon que des cornes qui lui poussaient à mesure qu’ils approchaient leur destination.

Le freinage brusque qui suivit le dernier dérapage mal contrôlé de la camionnette fit râler la jeune femme. À croire que certains membres de l’équipe venaient d’obtenir leur permis de conduire. Elle se redressa quand on ouvrit la porte arrière, somme toute courbée pour ne pas se fracasser le crâne sur la tôle gondolée du toit de la voiture. Niall, à un rien d’éclater, surgit de l’arrière du véhicule, suivi de près par le blondinet de la bande et par l’Irlandaise qui ressentait davantage le besoin de se dégourdir les jambes après une dure journée de labeur que d’user ses poings par solidarité irlandaise. À l’avant, la portière passager laissa passer l’incarnation de la tempérance. Elle emboîta le pas de son confrère qui manqua défoncer la porte du rade devant lequel ils s’étaient arrêtés, les mains dans les poches, visiblement las de jouer les arbitres. Le chauffeur retira les clés du contact et se prélassa en attendant le retour des énergumènes qu’il transportait quand le dernier membre de Bithbeo étendait ses pattes avant de sortir son téléphone.

« Tu viens, demanda son voisin de gauche. »

Llewyn acquiesça, s’étira, passa le nez par le panneau du coffre pour interroger le collègue resté en arrière, déjà occupé à jouer à un jeu en ligne quelconque. Elle lui lança un signe du menton, il répondit d’un vague moulinet du poignet.

« Comme tu veux ! »

Et elle ajusta le col de son blouson quand le grand blond à ses côtés passait son bras autour de son épaule pour l’entraîner vers le bar, lui susurrant quelque idée indécente de pari pour égayer leur petite pause. Ils ne furent pas à deux mètres de l'entrée que déjà la voix de Niall leur parvenait. Son américain imprégné d’accent irlandais faisait presque trembler les murs de l’établissement. La rouquine poussa un soupir et la porte, le timbre insupportable de Laury lui vrillant immédiatement les tympans.

Llewyn parcourut l’assemblée de ses yeux clairs pour examiner l’ampleur des dégâts, analyser les différents acteurs pris dans la tempête qui ravageait le bar. Son collègue se détacha d’elle et se précipita vers deux malabars flanqués d'un cuir à motif de faucheuse qui venaenit de se lever, passant devant la blondasse qui grinçait à son partenaire de lâcher un grand brun, tandis que Tempérance se chargeait de rassurer le barman, déjà prêt à en découdre à coups de batte de baseball - une arme de choix, il avait d’office son respect.

« Un salopard de Sons en plus ! »

Finalement, l’expatriée s’attarda sur l’agresseur, tentant de faire abstraction des geignements agaçants de Laury. Son sang ne fit qu’un tour quand elle reconnut le visage de l’agressé, et son cœur loupa un battement. Elle achoppa dans sa progression vers eux, s’immobilisant alors que Vaughn tordait le bras de son frère de rang. Niall, armoire à glace ambulante, se dégagea d’un mouvement large de l’épaule suivi d’une contorsion pour se défaire de la grippe de l’Américain. Il enfonça son poing dans les côtes du motard, électrochoc qui remit Llewyn en branle.

Elle se précipita vers les belligérants, s’arrêtant à quelques pas pour ne pas essuyer un coup perdu dans la bataille.

« Niall ! Arrête, c’est bon, ordonna-t-elle sèchement dans le verbiage de l’Île d’émeraude. »

Elle attrapa le bras de son confrère pour le tirer vers l’arrière et l’éloigner de Vaughn avant que la situation ne dérape pleinement. Dos à l’Américain, face à l’Irlandais, elle le força à reculer en abattant ses mains de part et d’autre de ses épaules.

« Allez mec, laisse tomber. »
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Message Sujet: Re: Il y a toujours une faute quand l'un de nous trouve l'autre ? [Llewyn]  Il y a toujours une faute quand l'un de nous trouve l'autre ? [Llewyn] EmptyMer 22 Jan - 20:22


 
Il y a toujours une faute quand l'un de nous trouve l'autre ?
Dixell
Les vêtements du bougre glissent entre mes doigts, ils s'échappent de ma prise suite au robuste mouvement d'épaule du gars. Sa solidité me surprend - ils sont parfois larges sans être forts - et je n'ai pas le temps d'anticiper son prochain assaut. Quand son poing massif s'écrase sur mon flanc droit, je me plie en deux malgré moi pour émettre un gémissement de douleur.

Sérieusement ? Pour cette... quiche ?

« Niall ! Arrête, c’est bon,  »

Je reconnais la voix, malheureusement le dialecte me fait grimacer un peu plus. Je ne suis pas encore fou, il s'agit bien de Llewyn. Je profite de son intervention pour me redresser et faire un pas dans son dos non pas pour m'approcher d'elle - je crois - mais pour montrer à mon adversaire qu'il en faudra davantage pour me mettre à terre.
Le parfum, les cheveux, le tempérament alors qu'elle se trouve là au milieu. J'essaye de rester focalisé. Sur l'autre. Pas sur elle.

Forcément, mon allure querelleuse envenime les choses, il veut en découdre et l'idée de le calmer - à ma façon - est tentante. Je ne suis pas le seul à aggraver la situation, la blondasse s'accroche à l'irlandais en geignant la même langue tordue utilisée par la rousse-filante.

Sans mal, le prénommé Niall secoue les deux femmes pour que nous reprenions la partie.
Je désigne rapidement mon autre adversaire mise si facilement sur le côté :

" J'sais pas ce qu'elle a dit mais j'suis sûr que tu devrais l'écouter ! "

Si Llewyn lui soufflait des encouragements, ma réflexion perd tout son sens. L'occasion d'ouvrir le débat ne se présente pas. Ses bras entourent ma taille et mon dos rencontre une seconde fois le mur, bruyamment. Je remonte un genou dans sa mâchoire juste avant qu'il se recule.
Je n'ai pas la moindre certitude d'avoir le dessus, si ça devait s'éterniser.

Après quelques échanges de droites on reprend notre souffle, quand la clameur dans la pièce m'oblige à prendre du recul. Le barman est sur les dents, les irlandais sont plusieurs et je vois deux Sons prêts à venir me soutenir si je leur fais signe.
J'inspire un bon coup et tends la main devant moi pour proposer une trêve au cocu.

Mon regard, lui, attrape les yeux de l'irlandaise.

" Y'a malentendu, ok ? "

Vraiment ?
Si j'ignorais le statut de la jolie, elle, était vautrée sur moi quand son mec est entré. Je veux simplement éviter de me dédouaner en lui laissant subir toutes les remontrances qui s'annoncent. Sont-ils mariés ?? En bons termes ? Non parce que si monsieur va voir ailleurs la moitié du temps...
Ah, ces couples merdiques.

Et Llewyn, là-dedans. A quoi joue-t-elle ? Qui sont tous ces gorilles blonds à ses côtés ? Au sujet de son allégeance au Bitheo, je n'ai plus vraiment de doute. Je cerne alors davantage la nature du problème. Il ne s'agit pas que de jalousie mais d'orgueil, de possessivité, d'officiel, de règles.

J'attends de voir s'il faut distribuer d'autres coups, bien que mes pensées soient plutôt rousses.
 
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Message Sujet: Re: Il y a toujours une faute quand l'un de nous trouve l'autre ? [Llewyn]  Il y a toujours une faute quand l'un de nous trouve l'autre ? [Llewyn] EmptyMer 22 Jan - 22:35


Niall, les prunelles mauvaises, le souffle court, les naseaux dilatés, n’accordait pas la moindre attention à la jeune femme qui tentait vainement de le calmer. Vu son tempérament de tornade de feu, Llewyn était probablement la moins bien placée pour exiger qu’il respire un bon coup et s’apaise, ce qu’il ne manqua pas de lui faire remarquer en grinçant dans leur langue qu’elle avait tout intérêt à dégager du chemin. Bornée, elle s’y opposa pourtant, le repoussant d’un coup sec pour lui éviter de regagner du terrain, gagnant une trentaine de centimètres et l’attention de l’homme bafoué. Le duel de regard qu’ils tinrent une demi-dizaine de secondes fut brusquement interrompu par l’irruption de Laury. Plutôt que de tempérer le jeu, sa voix criarde relança de l’huile sur le feu. L’armoire à glace, piquée à vif, s’ébroua, écartant la digue rousse d’un tour de bras pour se répandre en torrent, se débarrassant de sa compagne dans le même mouvement.

« J’sais pas ce qu’elle a dit mais j’suis sûr que tu devrais l’écouter ! »

Llewyn planta un regard brûlant de noirceur dans celui du Son qui ne faisait qu’aggraver son cas. Elle n’eut pas le temps de retenir son homologue en l’attrapant par le col que déjà il fonçait sur le quadragénaire, l’éclatant contre le mur du fond. Un coup d’œil désemparé au grand blond lui confirma l’avancée des membres du SAMCRO qui furent rattrapés par son collègue. Se plaçant en barrière devant eux, elle l’entendit argumenter en faveur de la paix, à défaut de la non-intervention. Mais ces foutus bikers n’étaient pas connus pour leur retenue et leur tempérament helvétique ; et elle craignait que de nouveaux acteurs embrasent davantage la poudre s’ils entraient dans la partie.

Reportant son attention sur Niall - ou sur Vaughn, elle ne savait pour lequel s’inquiéter -, la jeune femme s’impatienta de l’échange de coups. Elle profita d’un genou bien placé dans les dents de son confrère pour s’interposer à nouveau, jouant les barricades. S’assurant vaguement de l’état du malabar, elle posa surtout ses prunelles sur son ancien adversaire qui reprenait son souffle.

« Y’a malentendu, ok ? »

L’Irlandaise secoua le nez, les sourcils froncés dans une moue accusatrice, ses cheveux détachés battant la négation entre ses omoplates. Elle peinait franchement à voir la méprise dans cette histoire mais voulait bien laisser le bénéfice du doute à l’Américain, ne serait-ce que pour entendre sa version des faits et pas celle de Niall qui s’était contenté de vociférer, dans le fourgon, qu’un fils de chien tripotait sa gonzesse dans un bar à l’autre bout de la ville. Était-ce pour se défendre des insinuations de son adversaire qu’il se clamait innocent, ou était-ce pour elle ? De quoi se lavait-il les mains exactement ? D’avoir eu la connerie de les promener sur le corps de Laury, embourbée jusqu’au cou dans sa relation avec un frère gaélique ? Ou de n’avoir su les réserver à sa peau tatouée, constellée de taches de rousseur ?

Elle n’avait pas le temps de répondre aux questions qui se bousculaient dans son esprit, d’entendre quoi que ce soit au lien entre la blondasse insupportable et son compagnon de courses, pas l’envie, non plus, d’analyser le mince filet acide qui dévorait ses entrailles et lui comprimait le palpitant. Au contraire, elle tenta de faire taire la pointe désagréable qui lui vrillait le cœur. Mais la migraine provoquée par les geignements de la femme adultère ne lui permettait pas de se concentrer comme elle l’aurait voulu. À bout de nerfs et perdant patience, son sang ne fit qu’un tour dans ses veines. Elle se tourna vers la crécelle, réfugiée derrière Niall, pour l’assommer d’un crevant :

« Putain Laury, howl yer whist ! »

L’intéressée échappa un petit couinement révolté, choquée par l’ordre cinglant de la rouquine. Derrière sa tête blonde, Llewyn vit Tempérance se retourner dans un bond et la considérer gravement, les yeux ronds de stupeur. Les bouches se fermèrent du côté irlandais, si ce n’était pour Laury dont la mâchoire pendait au sol tant on lui avait coupé le sifflet.

Niall, rabattu sur terre, dégrisa instantanément de la colère qui le portait vers le motard. Il darda des prunelles hallucinées vers la Bithbeo qui haussa les sourcils, la nette impression d’avoir déclenché la troisième guerre mondiale lui mordant la nuque.

« Quoi, gronda-t-elle en anglais pour qu’on abrège ses souffrances. Quoi ?
- T’es sérieuse là ?
- Quoi ? Tu arrives à réfléchir quand elle beugle comme ça, ta grognasse ?
- Fais gaffe à ce que tu dis, Llew. »

Sentant la situation dégénérer, le médiateur du groupe abandonna le patron pour se placer entre les deux tornades qui menaçaient de s’entrechoquer. Il écarta les mains, retenant Niall de la dextre et la furie de la senestre.

« Je crois qu’on devrait simplement rentrer, murmura-t-il en gaélique. »

Mais le transporteur de l’entendit pas de cette oreille. Faisant fi des conseils éclairés qu’on lui lançait, il contourna la neutralité personnifiée pour se rapprocher de sa nouvelle ennemie, s’arrêtant à un millimètre ou deux, son front presque posé sur celui de la jeune femme. Le champ de vision de la rouquine s’en trouva pleinement obstrué. Un visage rouge aux traits tressautant d’impatience. Il bouillonnait, tremblait de rage, de hargne. Llewyn se tendit subitement, les poings serrés, les dents crispées.

« Ne me fais pas croire que tu ne l’attendais pas, celle-là. Ça fait des mois que je tente de t’expliquer que tu sors avec la pire des salopes. »

Elle souligna son dernier mot d’un sourire amer à l’attention de Laury et replanta ses prunelles pleines de vérité dans celles de son interlocuteur pour mieux mordre :

« Sans vouloir t’offenser. »
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Message Sujet: Re: Il y a toujours une faute quand l'un de nous trouve l'autre ? [Llewyn]  Il y a toujours une faute quand l'un de nous trouve l'autre ? [Llewyn] EmptyMer 22 Jan - 23:35


 
Il y a toujours une faute quand l'un de nous trouve l'autre ?
Dixell
La moue qu'elle décoche à mon intention est, bien entendu, dubitative. Ce n'est pas le moment de m'extasier devant la nouvelle organisation de ses jolis traits. Son compatriote trompé a de la colère a dépenser, je préfère le surveiller.

Quant à la blonde, elle n'est pas seulement infidèle. Elle est juste insupportable. Je commençais à m'en rendre compte tandis qu'elle parlait, tout à l'heure, ses murmures et autres baisers m'offraient une trêve toute relative. Et voilà que je découvre la puissance de ses cordes vocales : non, définitivement, ç'aurait été compliqué.

« « Putain Laury, howl yer whist ! » »

Comme si ces mots mystérieux étaient une formule magique, le silence tombe sur l'assemblée.
Je suis incapable de contenir mon soulagement, je lève les yeux au ciel dans un soupir profond.
Mais le répit est de courte durée. Si Laury a fermé sa grande bouche, le ton de son conjoint augmente et c'est sur Llewyn qu'il déverse sa haine.

Typiquement la réaction qu'on peut attendre d'un tel énergumène. Pas foutu de satisfaire sa donzelle qui lui fait pousser les cornes à tout va, et d'un coup il oublie l'outrage pour tuer le premier - la première en l'occurrence - qui ose dire ce que tout le monde pense.

Un irlandais jusqu'alors posté près du gérant s'avance au moment où j'allais faire un pas. Je m'immobilise, craignant que mon intervention devienne dangereuse pour la rousse-filante. Encore cette langue bizarre pour construire d'invisibles barrières entre eux et nous, mais l'intonation du gars m'inspire plutôt confiance. Il veut raisonner les deux nerveux prêts à se sauter à la gorge. Ils sont complètement barrés ces Irlandosh'
Belle tentative. Elle ne fonctionne pas.
Le furieux se colle à la jeune femme qui n'oscille pas d'un cheveux. La scène captive absolument toutes les personnes présentes et je me demande ce que j'attends pour intervenir.

« Ne me fais pas croire que tu ne l’attendais pas, celle-là. Ça fait des mois que je tente de t’expliquer que tu sors avec la pire des salopes. [...] Sans vouloir t’offenser. »

Ça a le mérite d'être clair. Et marrant.
Le paradoxe entre sa silhouette fine, la jeunesse de son minois, la fausse naïveté imposée par l'accent et ce regard déterminé, l'autorité dans sa voix, l'aura séduisante qui l'entoure. C'est fascinant ;

L'homme lève sa main et je bondis.

" Llewyn ! "

Inutile bien sûr.

Ils se tenaient beaucoup trop près. L'arbitre et moi arrivons sur les deux éméchés au même moment et puisqu'il retient les mains de son compère, je place les miennes sur les épaules de la demoiselle. Je la repousse avec fermeté contre ce mur dans lequel j'ai l'impression d'avoir laissé l'empreinte de mon dos. Puis je cherche à capter son regard pour qu'elle ne le replace pas dans celui de Niall.
Pour m'assurer qu'elle va bien.

" Calme toi, vous êtes tous sur les nerfs ma parole ; "

Simulant le comportement serein que j'aurai du avoir dès le départ.

Je projetai de me divertir ce soir, on peut dire que je suis servi. La dose est un peu corsée néanmoins.
Si Llewyn fait mine de vouloir se libérer je continue de la retenir, tant que ses collègues les plus intelligents n'ont pas apaisé les tensions ou fait sortir ces tordus. D'un signe de tête je somme aux deux Sons de se rassoir avant de replacer mon attention sur elle ;

" Ça va ? "

Dis-je en examinant la pommette naturellement tachetée, anormalement rougie.
 
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Message Sujet: Re: Il y a toujours une faute quand l'un de nous trouve l'autre ? [Llewyn]  Il y a toujours une faute quand l'un de nous trouve l'autre ? [Llewyn] EmptyJeu 23 Jan - 1:34



Mais l'offense était faite. Tempérance soupira, le grand blond plissa le nez d'impuissance, et Niall vit rouge. Le coup partit de lui-même, rude et violent. Brusque, brutal. Somme toute attendu, probablement mérité, au fond. On ne s'attaquait pas impunément à sa famille, physiquement ou verbalement ; la rouquine paya le prix de son affront. Le contact brutal des phalanges fermées de l'Irlandais s'écrasant contre la joue de son homologue féminin manqua lui décrocher le crâne. Son cerveau, en tous cas, heurta avec fracas les parois osseuses, et ses pensées s'en trouvèrent balayées une seconde. Le néant au sifflement d'acouphène qui s'installa entre les deux oreilles devenues sourdes du choc ne dura pas même le temps d'un saut de trotteuse au cadran. Llewyn retrouva ses esprits dans un battement de cils. Elle s'apprêtait à riposter à grands renforts de poings pour terminer le travail commencé par Vaughn quand les mains de ce dernier s'abattirent sur ses épaules.

Il l'éloigna avec une facilité déconcertante, comme si elle n'était qu'une vulgaire poupée de chiffons qu'on pouvait déplacer comme on l'entendait. Le dos de la jeune femme rencontra sans douceur la raideur d'un mur, sa colonne vertébrale couinant de l'onde de choc. Un peu plus et ses omoplates auraient percé le béton pour l'y encastrer.

De l'autre côté du mur formé par le torse massif de l'Américain, on tentait de freiner les ardeurs de l'agresseur. Il fallait bien deux hommes pour retenir l'armoire à glace : un pour lui nouer les bras dans le dos, l'autre pour s'opposer à ce qu'il se jette contre le duo composé du motard et de la traîtresse. Et Laury, qui s'était radoucie avec les noms d'oiseau dont Llewyn l'avait congratulée, attendait sagement, les bras croisés, la mine basse, que le compagnon qu'elle avait tenté d'oublier dans les bras du Son daigne s'apaiser.

La rouquine, la vision toujours rouge, le sang battant plus que jamais à ses tempes, s'agita dans l'étau des bras de l'homme qui avait inconsciemment provoqué tout ça. Les grognements de Niall ne faisaient qu'amplifier le besoin urgent qu'elle avait de lui rendre la politesse dont il avait fait preuve à son égard. Aveuglée par la colère fulgurante qui la gamvanisait, Llewyn voyait à peine les orbes sombres de son geôlier. Il fallut que sa voix grave la transperce de part en part pour qu'enfin elle tourne le nez vers lui.

« Calme toi, vous êtes tous sur les nerfs ma parole. »

Elle se débattit, plus gênée d'être tenue en laisse par un membre de SAMCRO tout à coup que par envie d'aller faire cracher une ou deux dents à son frère de rang.

Les respirations de bête sauvage de Niall se calmaient. Si elle ne le voyait pas, la scène dissimulée derrière le regard soucieux de Vaughn, elle l'entendait au moins s'apaiser. Les mots de leur médiateur personnel trouvaient toujours une route, même dans les moments les plus critiques. Son timbre clair, rassérénant, s'il faisait effet sur l'enragé aux poings vengeurs, fonctionnaient également sur Llewyn, quand bien même ils ne la visaient pas. La berceuse combinée des murmures gaéliques et de la respiration du brun qui la tenait toujours coincée contre le mur fit chuter un peu la tension qui nouait ses muscles. Assez, en tous cas, pour que le désir d'égorger l'armoire à glace passe légèrement.

« Ça va ? »

Elle ne répondit pas de suite. Ses sens en alerte traduisaient tant bien que mal la scène dont elle ne voyait rien.

Tempérance ordonna d'un signe du menton qu'on libère le fauve. Niall, retrouvant sa liberté de mouvement, assomma ses adversaires d'un regard méprisant. Il enroula son bras autour des épaules de Laury pour l'entraîner à l'extérieur. En petite souris innocente, elle se blottit aussitôt contre son torse, murmurant à son oreille un flot de paroles inintelligibles quand le grand blond au nez plié levait les yeux au ciel, éreinté par ce numéro qu'il connaissait par cœur. Accordant un coup d'œil à Llewyn, toujours clouée au mur, il poussa un long soupir avant d'emboîter le pas du couple bancal, le plus sage de la bande sur ses talons.

« Ça va. Lâche-moi, grogna-t-elle en entendant la porte se refermer. S'il-te-plaît. »

C'était assez humiliant de n'avoir eu le temps de rendre son coup à Niall, ça l'était autrement plus d'être crucifiée de la sorte par les bras d'un homme qui n'avait aucune réelle autorité sur elle.

La poitrine encore lourde de rage de la jeune femme se soulevait de manière erratique. Ses poumons sifflaient une respiration rauque et brûlante, amère. Ses prunelles rancunières se fichèrent dans celles du quadragénaire. Elle déglutit difficilement, ses pensées emmêlées derrière son front plissé et ses sourcils froncés. Llewyn ne savait pas ce qui était pire : se retrouver associée à l'Américain, qu'on ait tenté de lui faire ravaler son avis sur Laury, qu'elle ait essuyé un coup crasse devant une vingtaine de paires d'yeux ? Ou était-ce de sentir sur son corps les mains de son ange-gardien de fortune, encore lourdes du contact de la blondasse, qui l'irritait tant ?

« Arrête de me regarder comme ça. Je ne suis pas en sucre, Vaughn. J'ai pris moins de coups que toi, que je sache. »
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Message Sujet: Re: Il y a toujours une faute quand l'un de nous trouve l'autre ? [Llewyn]  Il y a toujours une faute quand l'un de nous trouve l'autre ? [Llewyn] EmptyJeu 23 Jan - 11:42


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J'ai du mal à croire qu'on puisse frapper ainsi une camarade. Ce geste de Niall est chargé de circonstances aggravantes qui me dégoûtent. Et d'après les regards des autres irlandais, ils sont autant voire plus choqués que moi. N'empêche, ils choisissent d'apaiser le brave monsieur plutôt que de le corriger. Chez les Sons, ce coup porté à Llewyn aurait déclenché une mêlée générale opposant ceux qui veulent venger la comparse et ceux qui pensent tranquilliser la situation - à coups de bottes.

Sous mes doigts les fines épaules de la demoiselle sont contractées, agitées. Je n'ai pas de problème pour la tenir près du mur et je profite de l'avantage de ma charpente pour l'empêcher de provoquer son agresseur. Elle a morflé, mais je sais pertinemment qu'elle est décidée à y retourner. Ce serait presque légitime et amusant de la libérer, après ce qu'elle a ramassé, mais l'autre est une armoire à glace et - je peux confirmer - ses assauts sont vigoureux.

M'occuper de la rousse-filante a l'avantage d'estomper ma propre rage. J'ignore les regards réprobateurs du couple qui s'éloigne et retrouve une respiration posée malgré la douleur contre mes côtes à chaque fois que mes poumons se remplissent d'air.
Je suis content de la recroiser,
Je suis on ne peut plus dépité par les circonstances de ces retrouvailles.

« Ça va. Lâche-moi, S'il-te-plaît. »

A ses mots me reviennent les sensations grisantes de l'autre soir. En me joignant à l'arbitre pour séparer les deux irlandais, j'ai imposé à Llewyn une proximité plus audacieuse que la dernière fois, mes mains se sont placées sur elle sans lui laisser une chance de se dérober.

Je les retire et fais un pas, minuscule, en retrait.
Elle va de nouveau m'échapper.

« Arrête de me regarder comme ça. Je ne suis pas en sucre, Vaughn. J'ai pris moins de coups que toi, que je sache. »

" J'ai vu ça. Si tu étais en sucre je t'aurais ramassée à la petite cuillère. Il n'y est pas allé de main morte... "

Le large poing qui s'écrase sur son visage est une image intacte dans mon esprit. J'ai bien cru qu'il l'a tuait. Il aurait pu. Nous n'sommes pas grand-chose, une mauvaise chute, le coup accidentellement trop bien placé, trop puissant, et c'est terminé. Je frissonne puis hausse les épaules pour minimiser le nombre de coups que j'ai pu recevoir. Pas tant, je ne sais plus. Le premier fut le plus déchirant.

Je devine sa rancœur, la honte qui abîme sa frimousse guerrière. Elle n'a pas à rougir. Une telle droite aurait pu sécher n'importe lequel d'entre nous. Homme ou femme, grand ou pas.
Puis je revis la scène dans son intégralité et c'est à mes traits d'être altérés par la honte. Rien ne justifie une telle sensation, désagréable, avilissante, pourtant elle me fait serrer la mâchoire et regretter tout ce que j'ai pu dire ou faire avec Laury. L'ensemble se résume à peu de choses, mais ça, Llewyn ne le sait pas.
Ne m'a-t-elle pas fuit l'autre soir ?
Suis-je à ce point stupide ? La rouquine reste indéchiffrable, mes ressentis obscurs.

" Merci de t'être opposée à l'un des tiens ;  "

M'excuser pour n'avoir rien fait de mal, c'est beaucoup me demander. Mais la remercier pour avoir quasiment pris mon parti est un minimum. Son souffle encore fiévreux et l'air grave qu'elle affiche me font de la peine. Je ne sais toujours pas si je l'ai blessée, la dernière fois.
Ce soir je suis sûr d'être responsable de son agacement.

" Llewyn ? " Puisque le gérant observe les deux derniers protagonistes que nous sommes, je hausse le ton : " On peut avoir un peu de glace, dans un torchon ? "

Il marmonne mais s'exécute cependant et vient me tendre le tissu froissé que je propose à la blessée. Ça évitera j'espère la naissance d'un hématome sur ses si harmonieuses tâches.

Ma main revient à l'épaule menue et je souris, la secouant légèrement pour provoquer son retour. La savoir perdue dans ses pensées me paraît dangereux. Le calme avant la tempête rousse, c'est relativement angoissant.

" ... pour sûr, j'aimerai pas t'avoir comme adversaire. Ailleurs que sur la route, j'entends. "

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Message Sujet: Re: Il y a toujours une faute quand l'un de nous trouve l'autre ? [Llewyn]  Il y a toujours une faute quand l'un de nous trouve l'autre ? [Llewyn] EmptyJeu 23 Jan - 13:10



Niall n’était pas connu pour sa douceur, bien au contraire. Ses mains immenses faisaient la taille du visage de l’Irlandaise, ses coups avaient la saveur caractéristique d’un mur de plomb, et si sa haute stature le laissait lent, elle ne rendait pas ses assauts moins virulents. Véritable tank blindé de la petite équipe de transporteurs qu’ils faisaient, l’homme s’opposait en tous points à Llewyn. Seule la violence commune de coups qu’ils portaient trop facilement vu leur caractère irritable les rapprochait.

« J’ai vu ça. Si tu étais en sucre je t’aurais ramassée à la petite cuillère. Il n’y est pas allé de main morte… »

Elle fut tentée de rétorquer qu’elle y était habituée mais se retint juste avant que les mots ne passent la barrière de ses lèvres. De telles paroles pouvaient être mal interprétées, et elle ne se risquerait pas à laisser penser qu’elle était souvent la victime des aigreurs de son collègue. L’expatriée, en réalité, savait encaisser. Tout comme elle savait lancer ses poings. Les années faisant, les batailles aidant, elle avait développé une certaine résistance physique - à défaut d’avaler si facilement l’impact sur l’orgueil - qui lui valait d’être respectée dans certains milieux et révérée dans d’autres. Elle avait vu bien pire que les phalanges blanchies de rage de Niall et s’en tirait finalement à bon compte avec une pommette rougie.

Les prunelles pâles de la jeune femme glissèrent sur les flancs du brun, espérant apercevoir à travers le tissu qui les recouvrait l’ampleur des dégâts causés par le Bithbeo. Et cependant qu’elle s’inventait des pouvoirs de scanner, inquiète, Llewyn frôla doucement sa joue meurtrie. La pulpe de ses doigts ne révéla aucune coupure mais réveilla une douleur encore endormie par l’adrénaline. Elle retira vite sa main, comme brûlée. Ses nerfs irradièrent brusquement l’information, faisant tressaillir la peau tachée et grincer les os brusqués par l’approche des métacarpes de Niall. Elle siffla entre ses dents pour évacuer la surprise et le mal.

« Merci de t’être opposée à l’un des tiens. »

Son esprit matérialisa une suite de poignards dont elle lacéra mentalement le quadragénaire pour lui passer l’envie de penser qu’elle l’avait fait pour lui. Elle s’était imposée par élan maternel, pour préserver l’un de ses collègues de répercussions, pour éviter qu’un barreau pourri au plus bas de l’échelle remonte la chaîne jusqu’à nécroser les relations entre Bithbeo et SAMCRO. Les querelles les plus grandes partaient toujours de là : d’une connerie, d’un honneur bafoué et d’un égo brisé dont il fallait recoller les morceaux. Les Achéens avaient bien saccagé Troie parce qu’une raclure en rut avait eu l’idée malencontreuse de s’octroyer des droits sur le cul de la mauvaise reine. Le besoin de vengeance des Irlandais tenait parfois de celui des héros archaïques.
C’était finalement sa loyauté à l’organisation et son patriotisme qui l’avaient menée au devant du conflit. Certainement pas la sensation de redevabilité qui la liait à Vaughn depuis qu’il avait décidé d’emporter le secret de ses coups de gueule automobiles dans la tombe. Moins encore l’envie de préserver son sourire arrogant - ô combien charmeur - de la perte possible de plusieurs dents si Niall s’était occupé de son visage plutôt que de ses côtes.

À se le répéter jusqu’à devenir sourde, elle finirait probablement par y croire.

L’ire de l’armoire à glace, le Son la méritait. Pour un enquêteur dont le fonds de commerce résidait sans doute sur les tromperies adultères des habitants de Charming, se trouver au cœur d’une affaire très vaudevillesque était un foutu comble.

« Llewyn ? On peut avoir un peu de glace, dans un torchon ? »

Le contact des doigts de Vaughn à travers la peau épaisse de son blouson la ramena à lui plus que son interpellation. Elle sentit leur chaleur percer le cuir, se répandre doucement sur son derme. Et elle frissonna.

Indolemment, la jeune femme récupéra le tissu gorgé de glaçons qu’on lui tendit. Elle l’appliqua doucement sur le côté gauche de son visage, serrant les dents pour accuser la morsure froide qui contrebalança davantage la brûlure laissée par la main de l’Américain. Ses yeux coururent au-delà de l’épaule du motard. Il faudrait sortir à un moment ou un autre. Quitter Vaughn, le bar, leur public, pour se précipiter dans l’allée et remonter dans le fourgon en faisant abstraction du regard lourd de reproches de Niall. Pire que tout, il faudrait se justifier, demander pardon comme on demandait l’absolution d’un prêtre. La fierté étouffante qui lui comprimait l’âme depuis toujours et l’empêchait de se radoucir si facilement étranglerait encore les mots d’excuses dans sa gorge, elle le savait d’avance. Llewyn n’avait jamais été hypocrite, bien au contraire. La franchise cinglante dont elle assommait souvent ses compatriotes lui avait valu plus d’ennemis que d’amis. Elle avait cependant le don de la laisser en paix avec elle-même. Présenter ses regrets à un frère offensé quand elle n’en avait pas, c’était trop lui demander. À coup sûr, sa mauvaise foi ne ferait que raviver les braises.

« … pour sûr, j’aimerai pas t’avoir comme adversaire. Ailleurs que sur la route, j’entends. »

Est-ce qu’il se moquait ? Est-ce qu’il la prenait en pitié et tentait vainement de la consoler en usant d’un humour déplacé ? Ç’aurait pu être son genre …

« C’est un critère de sélection pour tes partenaires, le sang gaélique ? Ou tu te contentes de sauter sur tout ce qui bouge, et l’accent n’est qu’un bonus ? »

Le brûlot était parti instinctivement, craché méchamment et si rapidement que Llewyn n’eut pas le temps de le rattraper. Elle pâlit, choquée de sa propre impudence.  
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Message Sujet: Re: Il y a toujours une faute quand l'un de nous trouve l'autre ? [Llewyn]  Il y a toujours une faute quand l'un de nous trouve l'autre ? [Llewyn] EmptyJeu 23 Jan - 13:49


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« C’est un critère de sélection pour tes partenaires, le sang gaélique ? Ou tu te contentes de sauter sur tout ce qui bouge, et l’accent n’est qu’un bonus ? »

Hm, je l'ai cherchée, celle-ci. Elle est presque aussi douloureuse que le choc qui m'a enfoncé les côtes. Je la trouve un peu facile néanmoins. Pour une adversaire croisée deux fois seulement, qui m'a déjà fait comprendre qu'un possible - et délicieux - contact la répugnait, je la trouve culottée l'irlandaise.

Pourquoi ce reproche après la fuite ? Pourquoi cette colère, cette dénonciation, si elle ne me tolère pas à moins d'un certain périmètre d'elle ?
Une forme d'aigreur me saisi.

" J'te demande pardon ? "

Dis-je pour la forme, pour lui faire réaliser à quel point elle est déplacée, sans avoir besoin qu'elle répète. J'ai très bien compris ses accusations et je ne sais où les ranger. Nous ne sommes encore que deux inconnus et chacune de nos rencontres débute ou se solde par l'une de mes conneries ;

En quoi mes goûts de fréquentation la concernent ? Je saute qui je veux ;
Qui le veut. Aussi.
Pas toi c'est évident.

J'imagine alors.
L'autre soir, nos lèvres si proches l'ont-elles rendue coupable ? A-t-elle joué avec les limites de son statut ? A-t-elle frôlé l'infidélité ?
Je fronce les sourcils et tente de me souvenir. La tête de ses collègues. Le bras de l'un d'eux sur ses épaules quand ils sont entrés. Et son cavalier, lors de la réunion du maire en début de mois. Llewyn est certainement en couple, amourachée, amante de certains ou déchirée entre plusieurs, voire promise à un irlandais.

Je déglutis. Ces idées m'embêtent.
Je me déteste.

" Excuse-moi Llewyn, je ne peux pas être celui qui te dégoûte et celui que tu sermonnes ! Excuse-moi d'avoir une vie. Et pardon de n'avoir pas volé ce baiser que tu désirais si ardemment l'autre soir !!!  "

J'en suis à croire qu'elle me voulait plus entreprenant. Mais j'ai encore assez d'éthique pour la respecter. C'est ça, évidemment, qui a empêché ce baiser. Rien à voir avec ce que j'aimerai lui inspirer.
Bordel, Ike.

Je la contourne et me dirige vers la sortie d'un pas furibond sans voir les deux Sons sirotant une bière se mettre à glousser, moqueurs - à raison. Je claque une flopée de billets sur le comptoir sans prendre la peine de faire le compte et passe la porte qui claque à l'intérieur de l'établissement avant de se refermer sur mon dos.

A l'extérieur, je tombe sur les p*tain d'irlandosh' auxquels j'offre un sourire malsain.

" Un problème les marins ?!  "

La chemise encore défaite, les muscles raidis de mes bras, le dos contracté qui déforme mon blouson et les poings fermés : l'image suggère le combat. Je n'ai pas eu assez de violence apparemment. J'ai du moins l'air d'en réclamer et leurs visages menaçants - en réalité prudents - m'encouragent. Je n'ai même plus mal.
Ni aux côtes. Ni au cœur.
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Message Sujet: Re: Il y a toujours une faute quand l'un de nous trouve l'autre ? [Llewyn]  Il y a toujours une faute quand l'un de nous trouve l'autre ? [Llewyn] EmptyJeu 23 Jan - 15:06



La langue brûlée par sa propre bêtise, Llewyn chercha un échappatoire visuel sur les éléments environnants pour n’avoir pas à subir le regard lourd de reproches du motard. Il venait d’en prendre pour son grade sans rien avoir demandé mais ne pouvait cependant pas nier avoir démérité la gifle verbale qui venait d’imposer un silence poisseux entre eux.

« J’te demande pardon ? »

Elle regretta aussitôt la douceur inquiète qui secouait la voix de son interlocuteur jusqu’à maintenant. L’inflexion amère qu’il employa noua la gorge et le ventre de l’Irlandaise qui se mortifia intérieurement d’avoir eu la connerie de reprocher les goûts cavaliers de son ancien adversaire. S’il leur restait la moindre chance de se retrouver comme avant sur les routes californiennes, elle venait de l’écraser comme un mégot sous sa semelle.

Si sa fierté l’empêchait de s’excuser lorsqu’elle n’avait rien fait, son égo ardent, lui, la rendait muette même lorsqu’elle était en tort. Elle aurait pu se confondre en excuse, demander au quadragénaire d’oublier ses mots et de les épingler sur le dos de la colère. Elle aurait pu, si elle l’avait voulu. Mais une part d’elle refusait d’admettre qu’elle pouvait fauter.

« Excuse-moi Llewyn, je ne peux pas être celui qui te dégoûte et celui que tu sermonnes ! Excuse-moi d’avoir une vie. Et pardon, il vomit presque ce mot, de n’avoir pas volé ce baiser que tu désirais si ardemment l’autre soir !!! »

La jeune femme écarquilla de grands yeux stupéfaits. Elle n’eut pas le loisir de retenir le brun pour lui assener qu’elle n’attendait certainement pas d’être embrassée : Vaughn s’éloigna, son aura entière grésillante d’orages. Il fendit le bar de part en part, claqua une poignée de dollars sur le zinc et manqua décrocher la porte de ses gonds en sortant.

Llewyn siffla un juron dans la langue de sa mère avant de lui emboîter le pas. En chemin, elle jeta sa poche de glace sur le comptoir, adressant quelques mots de regrets au barman qui suivit sa progression d’un œil mauvais. Le panneau battant de l’entrée avalait à peine la faucheuse du quadragénaire que l’Irlandaise le rouvrait pour se précipiter à l’extérieur.

Assis sur le capot d’une voiture grise, la petite blonde fichée entre ses jambes, Niall s’apaisait sous les caresses de sa compagne qui lui promettait d’une voix blanche et amoureuse qu’elle ne recommencerait plus. Le spectacle pathétique qu’ils offraient ne touchait guère l’équipe d’Irlandais. Ils étaient un peu trop habitués à ces saynètes pour s’offusquer, s’agacer, ou s’émouvoir encore des histoires de cœur de leur collaborateur. Mais cet interlude mièvre ne dura plus. Tous les regards convergèrent vers Vaughn quand il surgit du bar en clamant :

« Un problème les marins ?!
- Putain, t’en redemandes, s’esclaffa le malabar. »

Llewyn franchissait à peine de la gueule de l’établissement que Niall repoussait la demoiselle aux cheveux clairs et bondissait de son perchoir pour retourner enfoncer dans le crâne de l’Américain ce qu’il pensait de ses manières avec la gent féminine. Le grand blond au pif caractéristique, au même moment, fit valser sa cigarette pour se précipiter vers le belligérant gaélique et le retenir. Tempérance, arc-bouté contre la porte coulissante de la fourgonnette, échappa un soupir de lassitude. La curiosité piqua le passager resté à l’arrière du véhicule : il passa le nez au dehors, les sourcils froncés. Un réflexe machinal le poussa à se lever pour rejoindre la mêlée qui pourrait éventuellement se reformer. Seul le chauffeur ne broncha pas. Il descendit la vitre côté place du mort pour interpeller le modèle de sérénité du groupe et lui demander si la petite incartade serait encore longue.

« Ça va, c’est bon, gronda Llewyn. »

Elle attrapa Vaughn par la manche pour le forcer à rester en arrière, mais cette tête-de-mule, campée sur ses appuis et ses opinions comme un chêne aux racines millénaires, ne bougea pas d’un iota. Agacée, elle passa devant lui, se plaçant comme bouclier d’une part et barrière de sécurité de l’autre. Mur de feu entre deux tornades. Niall, dont la progression était à peine stoppée par les bras du grand blond, s’immobilisa brusquement. Ses sourcils froncés de colère laissaient à peine entrevoir ses yeux. Llewyn jura pourtant qu’ils rebondirent entre son visage et celui du Son. Les poings serrés du malabar se crispèrent davantage quand il réalisa la nature du lien inexistant qui tenait ses deux adversaires.

« T’es de quel côté exactement ?!
- Du mien, merde. Du mien ! Ramène Laury chez elle. »

S’adressant à Tempérance, elle ordonna en irlandais qu’ils fassent demi-tour et terminent la journée. Ils auraient tout le loisir de reparler de ces débordements quand les esprits auraient dégrisé.

Son ton sec et autoritaire comme sa position de bonne troisième dans leur équipe suffirent à convaincre le chauffeur qui n’attendait que son feu vert pour faire vrombir le moteur de la camionnette. En l'absence de supérieur ou d'un bras-droit, elle récupérait la lourde charge de commander à cette bande de bras cassés.
Son voisin donna une tape sur l’épaule de Niall pour lui intimer de faire profil bas s’ils ne voulaient pas voir la situation dégénérer encore. L’armoire à glace se dégagea d’un mouvement vif. Il congratula la rouquine comme le brun derrière elle d’un regard mauvais avant de reculer. Ramassant Laury en chemin, il lui fit signe de lui donner les clés de sa voiture quand le reste de l’escouade regagnait le véhicule duquel ils avaient surgi. Seul le blond resta en arrière, s’assurant d’un signe du menton qu’elle irait bien. Un hochement de tête pour toute réponse, elle le regarda monter dans le fourgon lorsqu'il se détourna.

Les traits tirés de la jeune femme ravivaient la douleur qui éclatait en palpitations depuis sa pommette. Elle attendit pourtant que les moteurs s’éloignent pour tâter une nouvelle fois sa joue et faire quelques pas vers l’avant, s’écartant ainsi du membre de SAMCRO. Ses doigts dérivèrent vers sa chevelure qu’elle tenta de remettre en ordre au même titre que ses pensées confuses.

« On t’a déjà fait remarquer que tu es un connard ? »

Cinglante, Llewyn pivota sur ses talons pour planter deux orbes assombris dans ceux du quadragénaire.
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Message Sujet: Re: Il y a toujours une faute quand l'un de nous trouve l'autre ? [Llewyn]  Il y a toujours une faute quand l'un de nous trouve l'autre ? [Llewyn] EmptyJeu 23 Jan - 16:50


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- Putain, t’en redemandes, »

" Je viens juste m'assurer que t'as pas perdu tes couilles en chemin ! "

Abruti.
Les pions se mettent en place avec une synchronisation parfaite. On dirait qu'ils ont fait ça toute leur vie, qu'ils passent leur temps à régler ce genre de problèmes. Les soutiens observent, le tank charge et le défenseur qui sert aussi de diplomate dans cette équipe montre clairement des signes de lassitude.

Je ne m'attendais pas à leur tomber dessus, pour être honnête. Je ne sais pas où j'allais, il me fallait de l'air, fuir son parfum enivrant, un peu de distance, m'éloigner du reproche projeté par ses yeux.
Mais la rousse-filante m'a suivi de près et je ne suis pas sûr d'en être satisfait. Elle va encore penser que j'ai provoqué une baston. Pas de ma faute s'ils squattent le parking en attendant leur camarade. Amie. Amante ou qu'est ce que j'en sais putain !

« Ça va, c’est bon,  »

Je ne prends aucune initiative qui risquerait de la mettre en danger. D'aggraver ma blessure. D'abîmer mon visage. S'ils sont naturellement dégueulasses, encore une fois : ce n'est pas de ma faute. Mais ça doit aider à entrer plus facilement dans une altercation ; ils n'ont pas grand chose à perdre.

Et si un poing s'approche de Llewyn une seconde fois je l'arrache à l'avant-bras auquel il est fixé.

Quand Niall se met à pointer du doigt l'allégeance la rouquine, je reste sur mes gardes. Figé dans le sol, sentant à peine les mains de la jeune femme sur mon bras - je me demande ce qu'elle fait en réalité. Si elle espère me déplacer il va falloir être plus convaincante ; ou le dire, simplement.

L'adrénaline et la rancœur mêlées me font bouillir, mon blouson paraît brûlant et malgré la nuit fraiche, une goutte de sueur perle sur mon front.
Elle parvient à les raisonner. Je suis impressionné. J'en ai vu, des femmes fortes. Des leadeuses, maîtresses exigeantes ou matrones inquiétantes. Llewyn ne ressemble pas à ces louves. Plus passionnée, plus franche, moins arriviste. Je crois que j'aime sa spontanéité.

Les deux véhicules emportent enfin les irlandais. L'équipe improbable de la pilote et surtout le couple insupportable. Le souvenir des doigts de Laury contre ma peau ne m'inspire rien d'agréable quant au poing de son mari... en se décontractant, lentement, mon corps retrouve l'inflammation pénible que j'ai gagné ce soir. J'y porte une main en grognant - au même moment que la belle :

« On t’a déjà fait remarquer que tu es un connard ? »

C'est tout ?
Je hausse les sourcils puis acquiesce.

" C'est arrivé, ouais.  "

Que lui dit-on à elle ? Je ne trouve rien d'équivalent et aucun compliment n'a sa place dans cette conversation. Si c'en est une. Llewyn vient de renvoyer le véhicule qui l'a emmenée jusqu'ici - et s'est privée de la joyeuse compagnie du couple Niall/Laury pour un trajet jusque chez elle.

Je soupire bruyamment pour articuler quelques excuses qui finiront de me rendre ridicule, mais les mots ne sortent pas, je me mets plutôt à tousser en me repliant sur les flottantes abimées.

" ... merde, j'espère qu'il a perdu plusieurs dents. "

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Message Sujet: Re: Il y a toujours une faute quand l'un de nous trouve l'autre ? [Llewyn]  Il y a toujours une faute quand l'un de nous trouve l'autre ? [Llewyn] EmptyJeu 23 Jan - 21:34



L’énergie crasse de la colère lui tordait toujours les veines. Dans un autre scénario, elle aurait probablement remis chaque chose à sa place à coups de poing : le respect de Niall, le comportement foutrement tordu de Laury, les sous-entendus déplacés de Vaughn. L’expatriée avait encore en travers de la gorge l’accusation mordante du quadragénaire. Tournait dans ses pensées cette histoire de baiser manqué, l'opportunité ratée. Qu’il se permette de lui faire un procès quand elle n’avait rien à se reprocher l’irritait particulièrement. Est-ce qu'elle lui avait réellement donné l'impression qu'elle réclamait ses lèvres ? Est-ce qu'elle retombait à nouveau dans ses travers et s'emballait, comme chaque fois ?

« C’est arrivé, ouais. »

Elle fronça les sourcils pour se préparer au retour de flammes qui suivrait. Le temps égraina cependant plusieurs longues secondes sans que rien ne se profile à l’horizon. Pas de coup de bâton, pas de pareille rendue à grands renforts d’injures édulcorées. Vaughn se contenta de se pencher légèrement vers l’avant pour se décoller les bronches.

« … merde, j’espère qu’il a perdu plusieurs dents. »
- Navrée de briser tes espoirs, mais ça fait un moment qu’on lui a fait cracher tous ses chicots. Les nouveaux sont bien plantés, il faut y aller pour les arracher. »

Ce n'était pas faute d'avoir essayé, Dieu en était témoin. Malheureusement, les prothèses actuelles utilisées par les dentistes étaient sacrément résistantes. Il faudrait plus que quelques coups de poings pour laisser nues les gencives de Niall. Elle songerait d’ailleurs à récupérer la carte de visite de l’arracheur de dents de son collègue la prochaine fois qu’un connard se permettrait de jouer les orthodontistes sur sa propre mâchoire. Par chance - c’était tout relatif -, Llewyn avait la gueule solide et les crocs bien en place. Son nez craquait généralement avant ses molaires.

L’Irlandaise clappa sa langue contre son palais en voyant l’angle étonnant adopté par son interlocuteur. Sa carrure, déjà bien faite, ne concurrençait pas celle de son compatriote gaélique. À dire vrai, bien peu d’hommes pouvaient se vanter de cela. D’une manière ou d’une autre, et bien qu’elle soupçonnait Vaughn d’être plus résistant qu’il n’en avait l’air, elle ne doutait pas qu’il se réveillerait avec quelques belles ecchymoses. Pourvu que Niall n’ait pas laissé de souvenir plus inquiétant de leur rencontre.

« Ça va ? Tu veux que j'aille signaler à tes petits copains qu'ils risquent d'avoir à te conduire à l'hôpital ? Je le ferais bien moi-même, mais mon ambulance est déjà loin. »

L’ironie était une preuve de l’éloignement de la tempête qui faisait rage dans son âme. Elle n’était cependant jamais bien loin et grondrait constamment, en sourdine, attendant qu’un vent favorable la pousse vers l’extérieur et la fasse éclater à la face du monde.

Sans accorder à l’enquêteur la politesse d’écouter sa réponse, elle attrapa son téléphone portable et pianota rapidement un message à l'attention de Tadgh. Llewyn, entre deux lettres numériques, surveillait son interlocuteur pour s'assurer que ses poumons ne terminaient pas sur le goudron. Sa missive envoyée - un appel à la rescousse et au moyen de locomotion -, elle enfouit le cellulaire dans la poche de son blouson pour reporter pleinement son attention sur le motard. La rousse leva les yeux au ciel, consternée. Elle réduisit rapidement la distance qui les séparait pour l’attraper par un pan de cuir et le traîner vers la voiture la plus proche. S’il jouait les montagnes impossibles à déraciner quelques secondes plus tôt, il fut cette fois enclin à se laisser faire.

La jeune femme s’installa nonchalamment sur le nez d’une Nissan, indiquant d’un signe de tête au quadragénaire de l’imiter. Ne serait-ce que le temps qu’il reprenne son souffle correctement. Qu’il se calme, lui aussi. Dans un réflexe d’automate, elle tapota les différentes poches de son pantalon à la recherche d’un paquet de cigarettes qu’elle attrapa sitôt qu’elle l’eut localisé. Une Lucky Strike pincée entre ses lèvres tachées d’éphélides, elle fit claquer la pierre en fixant un point indéfini dans la demi-clarté nocturne.

« Désolée, il est … Ouais, elle chercha ses mots, espérant que les oreilles de Niall ne siffleraient pas trop. Il est amoureux, ça le rend con. Cette nana est un poison pourtant, ça fait des mois qu’on essaie de le lui faire comprendre. Osant un regard en coin vers son voisin, elle continua : je ne sais pas à quel moment tu as cru que ce serait une idée lumineuse de tenter de la foutre dans ton lit. »

Son timbre rayé de trente-trois tours sauta légèrement sur la fin de phrase, comme si le diamant de son tourne-disque personnel avait heurté un rien de rancune dans le sillon du vinyle qui faisait sa voix.
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Message Sujet: Re: Il y a toujours une faute quand l'un de nous trouve l'autre ? [Llewyn]  Il y a toujours une faute quand l'un de nous trouve l'autre ? [Llewyn] EmptyVen 24 Jan - 20:40


Il y a toujours une faute quand l'un de nous trouve l'autre ?
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Je fronce les sourcils et redresse le visage depuis ma position courbée suite à l'histoire des fausses dents. Ça a stoppé ma quinte. Plus de véritable dent ? Je suis sûr - si la rouquine dit vrai - qu'en incrustant les lettres ALYS dans sa face de nordique avec un coup plus appliqué, j'aurai pu les faire sauter. Ses chicots.

« Ça va ? Tu veux que j'aille signaler à tes petits copains qu'ils risquent d'avoir à te conduire à l'hôpital ? Je le ferais bien moi-même, mais mon ambulance est déjà loin. »

Hein ?
Je veux bien l'entendre dire que je suis un connard, mais la voir imaginer que je suis blessé, c'est difficile.
Vi m'ordonnait, lasse, de me débarrasser de cette fierté mal placée qui consiste à jouer les durs à cuir, à feindre l’invincibilité. Elle avait horreur de ça. J'en jouais.
Je souris distraitement tandis que Llewyn sort son téléphone.

" Laisse ces deux zouaves où ils sont, je vais me débrouiller. "

Elle pianote, sans doute dans l'espoir qu'un autre brave irlandais lui serve de taxi ;
J'aurai pu la ramener.
Plutôt que de lui proposer, je tousse à nouveau - sans laisser l'élancement provoqué par les soubresauts de mon corps me surprendre cette fois. On progresse.

L'irlandaise choisi un siège pour nos augustes fessiers respectifs et je ne lutte pas, même si elle utilise mon blouson pour me conduire. Je m'installe à ses côtés en faisant grincer la voiture inconfortable, la position assise me soulage. C'est bien vu.
Alors qu'elle porte une clope à ses jolies lèvres, je reprends le fil de mes pensées précédentes : l'autre soir, ma connerie, sa réaction. Sa situation. Son statut. Ces énigmatiques nœuds qu'elle fait avec mes ressentis - intentionnellement j'en suis quasiment persuadé ! ... je ne peux pas me faire ça tout seul ;

« Désolée, il est … [...] Il est amoureux, ça le rend con. Cette nana est un poison pourtant, ça fait des mois qu’on essaie de le lui faire comprendre.

C'est elle la plus bavarde aujourd'hui.
Repenser à ces deux abrutis me fait grimacer mais je veux bien passer l'éponge. En fait, j'ai déjà oublié. Ça n'a aucune importance, je m'en contrefiche. Qu'ils soient heureux ou non, l'un trop con l'autre infidèle, l'inverse, les deux. M'en tape.
Je souris légèrement, amusé que ce soit elle - véritable boule de feu déchaînée il n'y a pas deux minutes - qui me fasse des excuses.

Je respire le tabac évacué par sa bouche et cherche à fixer ses yeux derrières quelques cheveux indisciplinés.

«  je ne sais pas à quel moment tu as cru que ce serait une idée lumineuse de tenter de la foutre dans ton lit. »

Dit-elle en chopant mon regard. Elle fait bien de s'interroger, je me demande également où j'ai aperçu quelque chose de positif chez Laury. Pas vilaine ok mais je ne suis loin d'être aussi déprimé ;
J'avais de meilleures connaissances à contacter, qu'importe le réel but de la soirée. Cette blonde fut une erreur de parcours. En y repensant, on s'est croisé par hasard et elle ne m'a pas lâché le bras. A défaut d'avoir prévu mieux...

Je me frotte la nuque, gêné.

" ... Alors déjà, pas dans mon lit ; " génial, je n'ai plus qu'à lui indiquer l'hôtel auquel j'ai pensé ainsi que les positions suggérées par sa camarade ! Je soupire trop bruyamment et reprends. " J'veux dire : il ne se serait rien passé. D'intéressant. Le verre qu'on a partagé était déjà de trop. "

Je ne vais pas non plus cracher dans le dos de l'absente qui, navré pour elle, fait partie des connaissances de Llewyn. Je n'ai pas d'argument pour justifier ce qui aurait pu se passer. Sans qu'elle soit à mon goût, la mauvaise irlandaise était décidée ;

Puisque déposer le souvenir de mon dernier fiasco est une très mauvaise idée à cet instant, j'y vais à pieds joints :

" Je suis désolé aussi. J'sais bien que tu ne voulais pas de baiser. J'ai dit ça, par frustration tout à l'heure. Et l'autre soir je n'avais pas l'intention de te mettre mal à l'aise. Je ne peux pas utiliser l'excuse de la seule bière que j'avais avalée, mais tu m'en as trouvé une toute faite : je suis un connard. "

Par définition, je fais des conneries.
C'en était une. Et je ne suis pas certain de la regretter ;

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Message Sujet: Re: Il y a toujours une faute quand l'un de nous trouve l'autre ? [Llewyn]  Il y a toujours une faute quand l'un de nous trouve l'autre ? [Llewyn] EmptyVen 24 Jan - 23:49



Un instant d’hésitation, et le quadragénaire passa une main à l’arrière de son crâne, comme pour dégager toutes les pensées indécentes que Laury avait dû y loger.

« … Alors déjà, pas dans mon lit. »

Elle échappa un rire muet étouffé de fumée. Llewyn acquiesça, comme frappée d’une révélation divine, manquant de peu lâcher une interjection admirative. La nuance, si simple, changeait bien des choses. Entre autre l’étiquette qui pendait au nez de Vaughn dans son esprit : de bourreau des cœurs empressé de plaire aux dames au point de ne pouvoir attendre le second verre pour goûter leurs lèvres, il passait à l'enflure aimant mieux les draps de ces demoiselles pour pouvoir s’esquiver à la première occasion et se soustraire à leurs caresses amoureuses. Il avait le sourire trop serein des hommes qui ne rappelaient par leur partenaire, elle aurait dû le voir dès le départ. La rouquine ne lui jeterait pourtant pas la pierre, ayant trop usé de cette technique par le passé. C’était plus simple de ramasser ses affaires pour s’enfuir sur la pointe des pieds que d’affronter le regard larmoyant d’un partenaire qu’on mettait à la porte. Le message était le même, mais la pilule passait mieux enrobée de sucre ou de miel.

« J’veux dire : il ne se serait rien passé. D’intéressant. Le verre qu’on a partagé était déjà de trop. »

La jeune femme tapota le cul de sa cigarette pour faire chuter les cendres. Elle arqua un sourcil dubitatif, peinant à croire que son compagnon d’infortune aurait refusé de se faufiler entre les cuisses de la blondasse si l’occasion s’était présentée. Laury, en dépit de l’aversion crasse qu’elle lui portait, était un joli brin de fille. Les cheveux clairs, les yeux pâles, le sourire charmant, les courbes alléchantes. Elle dégageait néanmoins une superficialité particulièrement asphyxiante qu’on retrouvait en dénominateur commun chez toutes les conquêtes de Niall. Et Dieu savait qu’il y en avait eu en quatre ans, depuis qu’elle avait rejoint Bithbeo et cette équipe de bons à rien qui prenait des airs de famille recomposée.

L’Irlandaise s’installa un peu plus confortablement. Les talons coincés dans un renfoncement du pare-choc, les fesses collées au capot glacé, elle posa les coudes sur ses cuisses, les mains ballantes.

« Je suis désolé aussi. J’sais bien que tu ne voulais pas de baiser. J’ai dit ça, par frustration tout à l’heure. Et l’autre soir je n’avais pas l’intention de te mettre mal à l’aise. Je ne peux pas utiliser l’excuse de la seule bière que j’avais avalée, mais tu m’en as trouvé une toute faite : je suis un connard. »

C’était un fait, pas une excuse. Encore moins une raison suffisante pour jouer les mauvais don Juan. Mais elle lui pardonnait volontiers la confusion, son esprit ne cherchant pas de nouvelles guerres à mener pour la soirée. Elle décuvait à peine de la rogne qui l’avait emportée derrière la porte du bar.

Llewyn, d'humeur joueuse, braqua ses prunelles grises sur l’Américain, la tête légèrement penchée. Elle ouvrit la bouche, se ravisa bien vite, corrigea finalement sur un ton mutin :

« Qui t’a dit que j’étais mal à l’aise ? »

Son regard dériva sur les lèvres de son interlocuteur quand les siennes s’étiraient. Ils étaient déjà trop proches pour que sa mémoire ne rejoue pas les images de leur dernière entrevue. Le tiraillement de son corps face à la proposition indécente et muette de l’homme, le soulèvement de son palpitant, la pointe de désir qui avait creusé son ventre … Comme en écho à ces sensations déjà oubliées, un frisson discret remonta l’échine de l’expatriée ; et elle le travestit du mieux qu’elle le put en s’agitant légèrement, feignant ressentir le froid malgré son cuir. Se reculant un peu pour éviter au motard toute tentative désespérée de retenter son expérience - s’il n’était pas déjà traumatisé -, la jeune femme retrouva sa dose de cancer des poumons.

« Premier verre, trois mots échangés, marmonna-t-elle sur sa Lucky Strike. C’est une technique qui fonctionne, d’habitude ? Non, parce que ça me ferait économiser un temps monstrueux et pas mal d’argent. C’est usant d’avoir à bourrer la gueule de ses partenaires pour espérer en tirer quelque chose, railla-t-elle. Mais surtout, merde Vaughn, j’aurais pu être prise ... Je suis peut-être en couple depuis des années. Mariée avec deux gosses, un monospace et un labrador. »

L’absence d’alliance à son doigt ne prouvait rien. On perdait si vite ces petites choses-là : on les oubliait sur la table de chevet au réveil, on les laissait traîner au fond d’une poche en se martelant qu’il faudrait se souvenir de cette cachette, on les abandonnait quelques jours chez le bijoutier le temps d’effacer les rayures du quotidien qui marquaient le métal à défaut de pouvoir polir celles du couple en lui-même.
Les orbes de l’Irlandaise heurtèrent avec nostalgie son annulaire gauche, terriblement nu. Russell s’inquiétait chaque fois qu’il la voyait sans son anneau. Il y accordait tant d’importance, à l’époque. Elle n’avait jamais réellement compris qu’un bout d’or puisse trouver tant de grâce aux yeux de son ex mari.

Ses pensées menaçant de s’enliser dans sa vie passée, l’inconscient de la rouquine la rappela à l’ordre en la frappant d’un éclair de génie. Elle se redressa légèrement, sortant la tête de ses souvenirs, et retira la clope de son bec pour mieux narguer :

« Et si j’étais l’old lady d’un de tes petits camarades ? »
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Message Sujet: Re: Il y a toujours une faute quand l'un de nous trouve l'autre ? [Llewyn]  Il y a toujours une faute quand l'un de nous trouve l'autre ? [Llewyn] EmptyDim 26 Jan - 20:13


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L'excuse du connard passe mal. Je suppose qu'elle est bancale aux yeux de l'irlandaise mais c'est principalement pour moi qu'elle est mauvaise. Déjà, j'estime ne pas être un connard sur toute la ligne - ces gens là existent et il vaut mieux ne jamais les croiser. Ensuite, et surtout, je n'ai pas d'excuse pour avoir à ce point approché ses lèvres, désiré son corps. L'attraction n'est pas quelque chose qui s'explique ni se justifie. À la limite, j'aurai pu essayer de résister davantage l'autre soir. De ne pas succomber à ce jeu dangereux avec une inconnue ;

Je lui ai peut être manqué de respect et j'en ai déduis que Llewyn s'était sentie mal à l'aise.
Visiblement pas :

« Qui t’a dit que j’étais mal à l’aise ? »

Son sourire mutin joue avec mes nerfs, je lui rends cependant. La jeune femme va désormais me faire croire qu'elle était on ne peut plus à l'aise, au point de se tirer sans un mot pour prendre la porte ?
Je hausse un sourcil pour l'observer avec le même regard taquin.
Peste.

Elle s'agite un peu. Je décide de m'étendre sur le capot. Lentement. L'arrière de mon crâne se pose sur le bas de la vitre relativement propre, mes chaussures sont encore sur le sol. La rouquine ne peut ainsi plus user de ses atouts sur le pauvre homme que je suis.
Enfin, je vois son dos, ses cheveux, et son parfum reste présent.

Llewyn s'essaye à l'analyse de la situation. Comme s'il s'agissait d'un simple exercice pour moi, ce soir là. La mise en pratique d'une technique de séduction efficace et facile. Si j'avais voulu plus qu'un baiser croyez-moi, j'aurai évité cette approche. Je crois sincèrement que je n'espérais pas autre chose que cette proximité enivrante.
L'irlandaise est trop à mon goût pour envisager une stratégie aussi médiocre.

Elle reprend son sérieux et utilise le conditionnel pour sa situation. Puis-je déduire qu'elle n'a personne ou préfère-t-elle me laisser dans le brouillard qu'est l'imagination ?

« Et si j’étais l’old lady d’un de tes petits camarades ? »

J'y ai évidemment pensé. C'est allé trop vite, l'envie, la frustration. Je me suis forcément demandé qui était son Jules. Nous sommes comme ces irlandosh, nous avons des codes, des règles, je n'ai jamais approché la lady d'un Son. Je pense toutes les connaître, c'est beaucoup plus pratique et ça évite les histoires aussi merdiques que ce soir avec Laury.
Mais ç'aurait pu m'échapper. C'est peut être une histoire récente. Secrète, étant donné les gangs de chacun...

Je fronce les sourcils et reste allongé sur la carrosserie en silence. Et si. Sa façon de présenter les choses pourrait suggérer une négation. Mais le doute existe.

" ... Je ne vois pas comment j'aurai pu ne pas m'en rendre compte. "

On sort entre motards, mais on sort aussi avec les conjointes. Pas souvent certes mais... Vi connaissait du monde. Il faut dire que son frère est son premier lien avec les SAMCRO. Relation récente, secrète ou merde, Llewyn ne peut pas passer inaperçue.

Je me redresse alors, non sans râler, et fixe un point lointain devant moi, ne voyant en réalité que le duo formé par ma rousse-filante et Zakk, puisque je les ai vu ensemble lors de la réunion du Maire.
Ce petit con.

" Tu as raison c'était déplacé. Je me suis laissé emporter. "

Bien sûr. Pourquoi ne pas lui annoncer que j'ai ardemment envie d'elle ? Je souris pour masquer l'incompréhension de ma propre version.
Je ne veux pas savoir ce qui les lie. Je sais comment il vit, je connais ses tares et ses qualités. s'ils sont proches, ça ne me regarde pas.
Je ne veux pas les regarder.

" Je ne recommencerai pas. Hem,... On vient te chercher ? "

Lui ?
Pour aller où ?
Putain Ike.
Je passe une main sur mon visage puis dans ma nuque avant de me lever, secouant la miss sur le trône métallique que je lui lègue. Après tout, faudrait pas que son présumé prince débarque ;

" J'aurai pu te jeter. En rentrant. Je peux encore conduire tu sais. "

Dis-je en me frottant les côtes sous le blouson.
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