Llewyn appelle. Vaughn : (Je décroche avant même de voir qui appelle et interroge sans quitter la Harley des yeux.) - Ouais ? Allo ? Llewyn : (Mutine.) - Comment vont tes côtes ? V : (Un sourire s'étire sur mes lèvres et je prends un instant avant d'assurer.) - Comme si ton pote ne m'avait jamais touché. Et ta joue ? L : (Soupir amusé.) - Il a dû retenir ses coups, écoute. La joue va bien, encore une petite semaine et elle aura retrouvé sa couleur d'origine ! V : (Je glisse une main sur l'énorme bleu que m'a laissé l'irlandais comme souvenir et verrouille le garage que je quitte.) - J'imagine que tu ne m'appelles pas pour me demander de venir jouer l'aide soignant. Si ? L : Ça dépend, tu es prêt à faire la route jusqu'à Chula Vista ? V : Méfie-toi. - (Je me laisse tomber dans un fauteuil.) - Je dois noter une adresse et réveiller la bécane ? L : (Un sourire dans la voix.) - Je serai déjà loin le temps que tu arrives ! Je reprends la route demain matin. V : (Je n'y croyais pas, pourtant je suis déçu.) - Dommage. Alors quoi ? Je dois retrouver un autre taxi ? L : (Un claquement caractéristique de briquet se fait entendre, crépitement d'une cigarette qu'on allume.) - Non, j'accorde un peu de répit aux chauffards de ce monde ! Quelques jours, qu'ils en profitent. - (Elle marque une pause, hésitante.) - J'ai un autre souci ... V : (Mon sourire traverse les ondes et je m'adosse dans le fauteuil, pour mieux savourer la conversation.) - ... Je t'écoute ? L : Figure-toi qu'on me vante les mérites des Indian depuis une bonne trentaine de minutes. - (Elle clappe sa langue contre son palais.) - Faible comme je suis, je risque de craquer. Je me sens flancher, Vaughn ! Fais quelque chose ! Vends-moi une Harley. V : (Je fronce les sourcils et me rassois, comme si le sujet soudain sensible méritait toute ma concentration.) - Attends, tu vas me faire croire que t'as déjà oublié la magnificence de ma bécane ? Souviens-toi pourtant, tes yeux brillants d'admiration devant sa... perfection. Ca te revient ? L : (Prend le temps de réfléchir à fond.) - Mhm ...? Non. Non, vraiment, aucun souvenir. V : (J'émets un sifflement mauvais.) - Je comprends pourquoi tu flanches ; on peut te vendre n'importe quel modèle si facilement ? Je pense que ta jalousie obscurcit ton jugement, aussi. L : (Faussement offusquée.) - Ma quoi, pardon ? Jalouse de ...? La lenteur de ta bécane ? V : Son indéniable suprématie ? - (Je souris largement puis tends l'oreille, péniblement curieux de sa compagnie.) L : Rappelle-moi combien de fois tu as vu mon pneu arrière ? V : Pas suffisamment, crois-moi. - (Je ferme les yeux de consternation.) L : (Elle prend le temps d'apprécier la lourdeur vaseuse avant de relancer.) - Il te manque tant que ça ? V : (Je soupire aussi discrètement que possible.) - Un peu. Sinon, t'as pensé à ... leur dire.. que la Harley est bien plus vive que l'Indian ? Sans parler d'agilité ! L : (Un large sourire plus tard.) - Tu sais qu'on peut arranger une nouvelle course, si tu es en manque. Et non, j'ai du mal à caler "Harley" et "vive" dans la même phrase, désolée. - (Ça s'agite autour d'elle. Éclats de voix, de rires. Timbre masculin non loin, finalement.) - Oz, tu t'enfiles ton paquet ? - (Elle siffle en agitant son téléphone pour réclamer un peu de silence.) - C'est ton amoureux ? - Oh la ferme ... V : (Ses réflexions m'amusent mais les différents connards autour d'elle me font froncer les sourcils.) - Eh bien dis-toi que l'Indian l'est encore moins. le manque d'images est cruel. - (Je me lève et tourne lentement en rond pour étouffer ma curiosité.) - Ils osent vraiment vanter cette moto ? L : (Chasse l'air pour éloigner les importuns. Elle fait quelques pas pour s'isoler.) - Ils m'assurent que j'abandonnerai mon Anglaise pour en adopter une ... J'aurais presque l'impression de te trahir ... V : (Je m'immobilise en secouant la tête.) - Surtout que je risque de ne pas reconnaître le pneu arrière ! ... Enfin, j'ai confiance. T'as meilleur goût, après tout la Norton reste une belle pièce. L'Indian ne mérite pas ton attention. Après s'il faut vraiment démontrer les atouts de la Harley, prenons date : je te la fais essayer. L : (Hausse un sourcil, amusée.) - Tu fais souvent des propositions indécentes comme ça après seulement trois rendez-vous ? V : (De nouveau je ferme les yeux mais un sourire barre mon visage.) - Je fais pire que ça tu le sais bien ! Après, je suis sûr que c'est la réelle raison de cet appel. - (Je me replace dans le fauteuil.) L : (Elle ment innocemment en soufflant un épais nuage de fumée.) - Je ne vois pas de quoi tu parles. Tu sais, si j'avais vraiment voulu essayer une Harley, j'aurais trouvé seule le revendeur le plus proche. Et si je voulais te revoir, je te le demanderais directement. C'est pas mon genre de passer par des chemins détournés ou de provoquer mon interlocuteur jusqu'à ce qu'il capitule et m'invite ... V : (J'étouffe un rire perplexe face à son culot.) - Effectivement, c'est pas ton genre d'attendre que je te propose quoique ce soit... C'est donc juste ma voix qui te manque ? - (Ton railleur.) L : Semblerait-il ... - (Elle mord doucement.) - À croire qu'on s'habitue à tout, même à certains sons désagréables. - (Bruit de pas qui approchent. On entend une voix grave coupée d'un accent américain presque cliché. Le combiné est un peu étouffé.) - 'Me bouge, tu rentres demain ? - Tucson d'abord. - (Rire jaune.) - Bonne chance. - (Elle reprend son téléphone.) - Excuse-moi ! V : (Je n'ai pas le temps de répondre à sa boutade et écoute impoliment son autre conversation.) - Pas de soucis. T'es sur une livraison ? - (Dis-je avec trop d'espoir.) L : (Elle hoche la tête, comme s'il pouvait la voir.) - Encore deux jours loin de Charming, et je retrouverai enfin le trou dans le mur de ma salle-de-bains. Mhm, je t'avais dit qu'Highman m'a recontacté pour réparer tout ça, d'ailleurs ? Tu lui as touché deux mots ou il s'est soudain vu pousser une morale ? V : (J'acquiesce pour enregistrer l'information, comme si elle était importante.) - Ok. - (A l'évocation d'Highman mon sourire s'étire.) - ... ah, donc je sais être convaincant. L : Je dois être la seule à résister à ton pouvoir de persuasion. - (Elle se retient de ricaner et redevient sérieuse.) - Merci ... Ça vaudra bien une nouvelle bière, au moins. Tu ferais quatorze heures de route pour la boire, ou tu préfères attendre mon retour ? V : ah ça pour résister... - (Je lève les yeux au ciel puis regarde la photo de ma petite posée sur le meuble.) - J'ai, deux trois trucs de prévus malheureusement. Tu sais, il y a des tas de Highman ! Si ce n'sont que deux jours, je peux attendre sagement L : Quel héros ! J'ignore ce que cette ville ferait sans toi ! - (Elle ponctue sa raillerie d'une bouffée de tabac.) - Tu penses pouvoir t'arracher à tes obligations mercredi soir ? V : (Je ne prends pas le risque d'articuler une autre connerie puis souris à sa question.) - Considère que mercredi soir t'es désormais réservé. L : Wow, je suis flattée ! - (Une hésitation légère. Elle continue, un sourire dand la voix.) - Envoie-moi ton adresse. V : (Amusé par la tournure exigeante de sa demande, je me frotte distraitement le menton.) - Je t'envoie ça. L : (Étonnée qu'il accepte.) - Parfait, à mercredi alors ! V : (Je fronce les sourcils, partagé entre appréhension et impatience.) - Ok... à mercredi. L : Bonne soirée Vaughn ! V : Toi aussi rouquine ! - (Je raccroche comme si le téléphone était en feu.)