1/ Alessandro est né à Naples, à domicile. Ses parents n’avaient pas confiance aux médecins de l’hôpital, il fallait que ce soient les médecins de famille, qu’ils ont choisi à leur bon soin. Parce que c’est comme ça que ça fonctionne chez eux, tout est décidé, choisi d’une manière bien définie. Les Riveira sont un clan très vieux, qui déjà à une époque très lointaine de la nôtre dansait avec l’illégalité. Une famille qui a su se glisser entre les mailles du filet, qui a su s’enrichir au cours des années. Leurs spécialités sont variées, certains étaient dans la finance, d’autre faisait dans bien plus sombre, des mercenaires, des tueurs ou encore d’autre dans la contrebande. Le clan a évolué au cours des siècles, s’est modernisé sur certains points, d’autres non. La hiérarchie est toujours la même, le père au-dessus, puis les autres. Travaillant en collaboration avec la mafia italienne, d’assez près, leur organisation était comparable, même si moins grande et moins influente. Cette hiérarchie était clairement patriarcale et ça depuis toujours et ça n’allait pas en s’arrangeant. Si dans certains points, la famille se modernisait, s’alliait avec des groupes qu’ils n’auraient jamais acceptés auparavant, ils gardaient un certain sens de la tradition.

2/ Alessandro n’échappa à la règle, il n’était pas encore né que tout était déjà décidé pour lui. La famille est si liée et les traditions si encrées que grandir dans cet environnement était normal. Les enfants ne se sente pas forcé et de toute façon, les Riveira ne laissent pas la place aux moutons noirs. Très proche de son père, il est vite entré dans le bain. Plongé directement dans l’histoire de la famille, il écoutait les récits de son père. Pas d’école privée ou public pour lui, ce fut école à la maison, encore une fois avec des personnes sélectionnées sur le volet. Finance, stratégie, littérature, et encore plein d’autre sujet. Il avait commencé assez jeune, il fallait le préparer pour son avenir. C’était important qu’on lui inculque tout ce qui ferait de lui l’homme de demain. On ne lui apprenait pas que de la connaissance, mais aussi, le combat et le tir, manier une arme.

3/ A 14 ans, il tua son premier homme. Accompagné par son père, il avait été préparé, tout avait été calculé. Il connaissait sa cible, pourquoi il le faisait et surtout pourquoi il était important qu’il le fasse. Et le gamin avait bu les paroles de son père. Il n’était pas choqué d’avoir à faire ça. C’était normal, et il savait que ce jour allait arriver depuis longtemps déjà. C’était une sorte de rite d’initiation. Chez eux, il faut être prêt à tout, savoir tout faire. Certains se spécialisaient, d’autre non, mais chacun doit être capable d’accomplir les tâches et respecter le rôle qu’on leur donne.

4/ Son éducation en très bonne voix, il ne restait plus que les autres projets à mettre en place, décidé avant même qu’il vienne au monde, il serait lié avec les irlandais. Une partie de la famille qui vivait déjà aux USA travaillaient déjà avec eux et c'était le moyen d'officialiser leur partenariat. Sa main était promise à la fille d’un Bithbeo influant, avec à la clé des accords financiers, et autre, du territoire aussi. Même si Alessandro n’avait pas forcément envie de se marier à une inconnue, il fit son devoir sans broncher. Il finirait bien par apprendre à la connaître qu’il s’était dit dans sa naïveté. Il restait quand même un gamin de dix huit ans, malgré qu’on l’ait plus ou moins forcé à grandir beaucoup plus vite que la normale. Le mariage eut lieu en Italie puis à Charming ensuite. Deux grandes fêtes, organisée et calculée aux détails près eurent alors lieu.

5/ Sa femme n’a rien en commun avec lui, elle est douce, gentille. Shay a toujours tout eu de la femme idéale. Mais rien à faire, Alessandro n’arrivait pas vraiment à s’intéresser à elle. Il faisait son devoir de mari, mais ça s’arrêtait là. Au lit, il ne se passait rien non plus. Il n’arrivait pas, n’avait pas envie. Mais malgré l’absence d’affection, il n’a jamais été violent ou méchant avec elle. Il l’a toujours respecté et laissé libre de faire ce qu’elle voulait. C’était son moyen de s’excuser de pas être celui qu’elle aurait espéré. Chacun trouvait à peu près son compte. Lui rentrait le soir avec un diné près et un sourire plutôt agréable et elle pouvait continuer de vivre sa vie comme elle le voulait. La seule règle, c’était qu’elle respecte (et lui aussi par ailleurs…) leur mariage et donc qu’elle n’aille pas voir ailleurs. C’était frustrant mais c’était la règle.

6/ Maintenant au sein des Bithbeo, il prit bien assez vite ses marques, n’hésitant pas à prendre les devants, prendre des initiatives. Il bossait dur et bien. Il ne fait pas de bruit, il suit les ordres, exactement comme on l’a éduqué. Même s’il était clairement un outsider à être l’italien, il avait sa place. Il l’avait mérité, c’étaient au-delà même des accords avec sa famille, parce qu’il n’est pas du genre à se reposer sur ses acquis. Le temps de s’installer, il avait fini par racheter une stations essence, c’était un bon moyen pour blanchir l’argent et se faire un peu des ronds. Reprendre l’affaire lui permettait aussi de se construire aussi, prendre ses marques, trouvé son identité à lui, quitter un peu le cadre de sa famille sans la trahir pour autant. Il faut aussi être un homme avant d’être un clan.

7/ Quelques années passent et l’expérience se fait. Il ne se sent plus étranger ici, il est là où il doit être. Il sait ce qu’il fait, ce qu’il doit faire. On lui fait confiance, on lui donne de meilleures missions. Dont une, mais celle-ci, on lui donna un duo. Un italien, comme lui, ou plutôt un sicilien. Le hasard ou non, les choses sont parfois étrangement bien faites. Alessandro semble retrouvé quelque chose qui manquait, un air de la mère patrie, surement.  Mais il avait aussi découvert des choses à ses dépens, des choses dont il refuse même d’assumer, de concevoir même. Lui qui a toujours entendu, appris, que c’était contre nature, qui le pensait lui-même, se retrouvait dans son lit. Un secret bien caché, un démon enfermé à double tour dans le placard, qui n’attend qu’à en sortir. Mais personne ne doit savoir, surtout pas.