❝ La Russie n'est pas à Moscou, elle est dans le cœur de ses enfants.❞
L'enfance de Roman peut se découper en deux parties distinctes, son pays natal puis les USA. De sa Russie, il ne garde que trop peu de souvenirs précis, il était trop jeune quand sa famille en est partie. Mais il pourrait vous dire qu'il se souvient des jeux dans les rues de Moscou, de la chaleur dans son foyer quand il rentrait chez lui. Du froid dans les rues et la neige. De cette vie particulière alors que ses parents étaient pauvres, que souvent il crevait de faim et de froid ou encore qu'il est fils unique et que pourtant il portait des vêtements rapiécés. C'est ne pas comprendre pourquoi ses parents travaillaient aussi tard et qu'il devait rester chez la voisine régulièrement, ne pas comprendre aussi pourquoi il ne voyait jamais ses grands-parents.
Puis il y a eu ce jour où ses parents étaient à la maison et où ils étaient entrain d'emballer le peu de choses vraiment importantes que la famille possédait.
"On part aux états-unis" . Ah. Bon. Roman avait six ans, il ne savait même pas où ça se trouvait mais il avait souvent entendu ses parents en parler comme d'un endroit merveilleux où tout était possible. Où la famille serait heureuse et enfin vraiment ensemble. D'accord. Va pour partir là bas alors.
❝ L'Oncle Sam ? Vous pouvez vous le garder, rien a changé. Ah non, je n'ai rien dit.❞
L'arrivée sur le sol américain n'a pas été de tout repos et honnêtement Roman ne voyait aucune différence entre leur appartement de Moscou et celui qu'ils avaient maintenant. Hm. Il ne savait même pas où ils étaient à vrai dire. Pourtant il voyait sa mère sourire plus qu'avant et elle semblait heureuse mais si elle devait enchaîner les petits boulots, tout comme son paternel d'ailleurs. Mais ça il ne le comprendra que bien plus tard le pourquoi du comment. En même temps c'était entendre ses parents lui annoncer que ça y est ils étaient tous les trois la double nationalité : Russe et américaine. Et ça change quoi à l'histoire ? Non parce que du côté de Roman c'était plutôt le bordel. Bah oui il ne parlait pas un mot d'anglais lui et ses parents l'avaient collé à l'école. Ah ça des moqueries, il en a entendu et plus d'une mais c'était aussi se découvrir une capacité d'en avoir rien à foutre, de s'endurcir et de laisser passer les choses. Bof, ils arrêteront bien d'être stupides un jour ou l'autre.
Aussi découvrir qu'il avait des capacités scolaire et qu'une fois la barrière de la langue passée, il était plus que bon élève. Au moins une chose qui roulait d'elle même dans sa vie et cela rendait ses parents plus que fiers. C'est grandir toujours plus et s'affirmer, comprendre que quand on veut quelque chose on peut toujours l'obtenir. Étudier plus fort que les autres aussi et finir par ne plus avoir cet accent russe traînant. Sauf quand il s'énerve, là quand il gueule et même encore maintenant on le sent bien d'où il vient, en même temps il n'a jamais cessé de parler russe donc ça aide.
Les joies du lycée, des hormones en ébullition, du corps qui se modifie et des jeunes filles en fleur...Ah non ce n'est pas vraiment comme ça que ça s'est passé. Roman changeait, devenait un adolescent plus que plaisant à regarder mais quand les pom-poms girls lui tournaient autour, lui ne regardait que l'équipe de football américain ou l'équipe de natation masculine. Il peut même dire qu'il les regardait de très près, sous la douche, faisant lui aussi partie de l'équipe de football américain, un vrai régal pour les yeux mais il ne pouvait pas vraiment toucher. C'était encore mal vu à l'époque d'aimer les hommes alors il ne disait rien et faisait comme si, sortait certaines filles, les embrassait mais ça n'est jamais allé plus loin. Il s'arrangeait toujours pour se débarrasser des filles dès que ça devenait trop physique. S'il y avait des murmures dans son dos, il ne les a jamais entendu. Un footballeur doublé d'un excellent élève, ça ne se voit pas tous les jours. Sans oublier que qui dit sport, dit les muscles qui se développent et une autre facette de sa personnalité se mettant en place. Un mec de l'équipe d'en face à plaquer au sol ? Roman en était. Toujours. Il se défoulait peut-être mais toujours dans le plus grand calme apparent.
Est venu également le temps des sorties le soir, d'aimer faire la fête jusqu'à pas d'heure et boire de l'alcool. De se bagarrer aussi quand il considérait que quelqu'un lui prenait quelque chose lui appartenant. C'est un peu dans ce genre de conditions qu'il a eu sa première histoire d'une nuit avec un mec plus âgé et expérimenté. Ils seront sortis quelques fois ensembles avant que Roman ne trouve mieux ailleurs. Cette liberté offerte par les boites ou les soirées, les lumières tamisées et ne rien voir vraiment, un vrai régal. Enfin jusqu'à ce qu'il soit pris en flagrant délit et ne doive sortir du placard. Pas grave il a assumé le lundi matin au lycée et en a fait taire plus d'un avec son air royal de j'en ai rien à foutre de ce que vous dites, je le vis parfaitement bien.
❝ La seule chose qu'on est sûr de ne pas réussir, est celle que l'on ne tente pas.❞
Roman avait vite compris, qu'il pouvait faire ce qu'il voulait dans la vie s'il s'en donnait les moyens. Ou qu'il pouvait avoir n'importe qui et n'importe quoi. Quoi de plus logique alors qu'il ait tout fait pour avoir une bourse pour l'université ? Les finances de ses parents allaient mieux mais ils ne roulaient toujours pas sur l'or et lui voulait faire des études. Ayant finalement grandi sur le sol américain et bercé par les histoires de ses parents mais sur ce culte de la justice, Roman s'est mis en tête de devenir avocat. Oh ce n'était certes pas une des immenses université de l'Ivy league mais elle était bien cotée. De ses années de lycée, il n'a pas changé de beaucoup son fonctionnement, évitant juste les fraternités, trop de règles, trop de contraintes. Continuant le sport pour conserver son corps mais aucune équipe officielle. Il sortait toujours oui et enchaînait les hommes mais il était plus studieux, il savait qu'il pourrait profiter une fois diplômé et une fois un boulot trouvé. Ce qu'il fit.
Le seul point noir au tableau aura été devant l'insistance de sa mère à ce qu'il lui présente une jeune femme. Si possible une qu'il pourrait épouser. Il n'avait rien dit jusque là sur son homosexualité mais ça ne pouvait plus durer alors il a tout avoué à ses parents un week-end autour de la table familiale. Croyez-le ou non mais c'est sa mère qui a le plus mal encaissé la nouvelle, son père s'est contenté de leur servir de la vodka et de sourire. À croire que son vieux était perspicace et avait compris tout seul, qu'il était juste satisfait que son fils le dise. Ils n'en ont jamais vraiment parlé donc Roman ne peut que supposer. Par contre sa mère a pleuré, longtemps, très longtemps, son seul enfant ne lui ferait jamais de descendance. Désolé maman mais c'est ma vie.
L’université lui aura aussi permis de cultiver son look de mec sage aux airs de bad boy, à moins que ça ne soit l'inverse ce qui est plutôt le cas avec lui. Il s'était choppé un petit boulot et pouvait s'offrir quelques trucs supplémentaires. Toujours bien habillé de ce fait, simplement mais avec classe et plus décontracté quand il sortait. C'était se mettre à fumer aussi de temps en temps et laisser pousser ses cheveux.
On aurait pu croire que ça allait l'empêcher de trouver un boulot surtout en étant avocat mais en fait non, avec sa manière de parler et de savoir se présenter, il a été embauché immédiatement dans un bon cabinet. Forcément au début, il était plus assistant, avocat secondaire qu'autre chose. Le temps de se faire les crocs comme on dit puis il eu sa première affaire, une petite broutille qu'il gagna haut la main. Et avoir de plus en plus de petites affaires puis des moyennes et enfin une grosse affaire. Sa première. Il n'était juste pas seul sur le dossier et devait travailler en équipe avec un certain Richard, c'est lui qui aurait la main mise son collègue étant bien plus expérimenté, il pourrait l'épauler au besoin. Contrairement à ce que Roman pensait, tout s'est plutôt bien passé, il voyait en Richard quelqu'un qui pouvait lui servir à grimper les échelons, à obtenir de grosses affaires seuls. Et ça ne manqua pas d'arriver. Bien Richard resta dans ses petits papiers.
Pour Roman, c'était aussi découvrir que les affaires banales sont faciles à régler, qu'il n'y a pas vraiment de challenge et se rendre compte que défendre des malfrats en tout genre c'est bien plus excitant et amusant. Le seul truc qu'il n'a jamais aimé et toujours refusé ce sont les affaires concernant les enfants mais aussi les abus sexuels. Une limite à ne pas franchir pour lui. Le reste ne lui posa jamais aucun souci, bien au contraire même. Oui talentueux le russe mais aussi un vrai requin et il était encore tout jeune.
Au fil du temps son rapport avec ses collègues changea, il se montrait plus aimable avec eux plus charmeur. Vrai ou faux. Tout comme il se rapprocha de Richard en même temps, est-ce qu'ils devenaient amis ? Ou est-ce que Roman ne faisait que se servir de lui ? Sans doute un peu des deux. Bien que cela ne soit jamais une pensée consciente à l'ordre du jour. Et encore moins quand il rencontra ce beau mec venu voir Richard. Ah. Ok. Mais qu'est-ce qu'il foutait en couple avec Richard celui là ? Bien trop canon pour ça. Inutile de dire que Roman s'est aussitôt mis en tête de détourner Adel de Richard, de lui faire comprendre qu'il lui plaisait beaucoup. Dès qu'Adel venait au cabinet, c'était trouvé le moyen de lui lancer des regards, de lui adresser la parole. Sans jamais cacher ses intentions, enfin si aux yeux de Richard et des autres avocats du cabinet.
De fil en aiguille s'est se retrouver invité à une fête en l'honneur d'Adel qui venait d'avoir son diplôme et y aller bien évidemment. Continuer son petit jeu de sourires, de sous-entendus dès que Richard ne regardait pas et ne pas s'en faire du regard des autres. Finir par boire un peu trop et se retrouver à discuter sur un canapé, Roman continuant à amadouer Adel, à lui parler de tout et de rien, à le faire parler pour en apprendre plus sur lui. C'était se rapprocher petit à petit, une main sur la cuisse qui remonte l'air de rien. Se frôler de plus en plus et Roman d'oublier totalement le monde autour d'eux, son regard dans celui du beau blond. Jusqu'à ce qu'Adel ne finisse par le repousser au meilleur moment et le fasse partir.
Roman ne comprenait pas pourquoi Adel lui résistait ainsi alors qu'il avait bien senti que ça pouvait se passer autrement. Pour une nuit. Oui, quoi d'autre de toute manière avec le russe qui passait toujours d'homme en homme pendant ce temps là. Sérieusement pour quelques heures, il pouvait en profiter au lieu de rester à son âge dans sa petite vie bien rangée alors qu'ils n'ont qu'un an d'écart. Incompréhensible pour Roman. C'était continuer son petit jeu de flirt autant que possible, il finirait bien par craquer. Cela en devenait obsessionnel pour l'avocat, lui qui n'aime pas le refus, qu'on lui dise non, ne pas avoir ce qu'il veut. Trois ans pratiquement qu'ils se connaissent et Adel ne lui cédait pas. Roman n'en pouvait plus et se disait que ça ne servait plus à rien alors il avait laissé tomber. Ou plutôt lui avait donné cette impression là, Roman avait juste mis en place le fuit moi, je te suis, suit moi, je te fuis. Et cela marchait plutôt bien à vrai dire, c'est Adel qui venait le chercher encore et encore, qui essayait d'avoir des contacts entre eux. Et Roman qui refusait tout à chaque fois, n'hésitant pas à l'envoyer promener. Adel qui faisait tout pour que Roman le remarque.
❝ I'm too young for this shit.❞
Oui Roman menait sa vie comme il l'entendait, sa rencontre avec Adel et ce qu'il se passait depuis tous ces mois ne modifiait rien. Il avait toujours un bel appartement pratiquement payé, il sortait toujours, il faisait toujours du sport. Il allait voir ses parents aussi, passer des week-end chez eux. Puis il s'était mis au tir aussi il y avait déjà deux bonnes années de ça, ça lui permettait de se défouler, de se vider la tête, il avait même son port d'arme chose plutôt aisée aux USA et son arme à feu ne le quittait plus vraiment. L'envers du décor quand on a affaire avec des clients plus que louches, aux familles allant avec que ça soit celles de ses clients ou celles des victimes.
La belle vie même s'il gardait Adel dans un coin de son esprit jusqu'à finalement craquer et revenir dans sa vie. Arriver à le coucher dans un lit et lui faire promettre de quitter son vieux machin maintenant qu'il a ouvert les yeux. Roman ayant enfin l'anglais comme il le veut depuis si longtemps et ne pouvant qu'avoir envie d'y revenir malgré tout. En parallèle, il vient encore de réussir un gros coup au tribunal et de faire acquitter son client, qu'importe si officiellement il est coupable. La justice l'a déclaré non coupable et blanchit de toute accusation. Il faut dire que Roman est doué, très doué pour flirter avec les lois, leurs limites et trouver comment les contourner. Tout comme cette fusions de sociétés, une écran, une réelle mais tout est parfaitement légal aux yeux de la loi et son compte en banque s'est encore renfloué. Qu'importe si Roman participe d'une certaine manière à ce que mafia ou gangs soient encore dans les rues de Charming, lui ce qu'il voit c'est que les défendre ça l'amuse et que l'argent coule à flots.